Imaginez cette scène : vous rentrez chez vous après une longue journée de travail. Votre partenaire vous pose une question innocente, mais vous vous emportez brusquement, réagissant avec une colère que vous ne comprenez même pas. Plus tard, seul dans votre chambre, un sentiment de vide vous envahit. Était-ce vraiment la question qui vous a irrité, ou quelque chose de plus profond ? Derrière cette colère, se cachent peut-être de la tristesse, du désespoir, ou un profond sentiment d’injustice que vous portez depuis longtemps.

Souvent, la colère devient une carapace, un barrage émotionnel qui masque des sentiments plus vulnérables. Accéder à ces émotions est difficile, car elles impliquent d’affronter sa propre douleur, sa peur d’être blessé ou sa mauvaise estime de soi. Là où la colère accuse l’autre, des émotions comme la tristesse ou le désespoir nous ramènent à nous-mêmes, et à cette fragilité que l’on tente d’éviter à tout prix.

Ce processus est inconfortable, et il est parfois plus facile de se réfugier dans l’accusation, dans cette émotion familière qu’est la colère. Mais en réalité, c’est seulement en faisant face à ces émotions plus profondes que l’on peut véritablement avancer. Grâce à la thérapie et à un travail sur soi, il est possible de décoder ce que cache réellement votre colère, de faire la paix avec vous-même et, peu à peu, avec les autres.

La Colère comme Barrage Emotionnel

Distinguer la Colère Saine de la Colère Barrage

La colère ne cache pas toujours une autre émotion. Rappelons le, la colère est une émotion à part entière comme la tristesse ou la joie.

Elle peut être, par exemple, une façon saine de poser ses limites quand la situation va trop loin. Face à un danger, elle va nous pousser à combattre son ennemi. Ce qui va permettre d’extérioriser une énergie qui réprimée dans le figement, peut être générateur de troubles de stress post traumatique.

Une colère saine est une colère adaptée à ce qui se passe autour de soi. Elle peut surgir en réaction à un stress intense, un manque de respect ou à une situation injuste. Une colère saine est également une colère où la connexion avec soi et avec l’autre est préservée. On reste conscient de ce qui se passe autour de soi malgré son émotion.

La Colère Barrage ou Désajustée & les Troubles Emotionnels

Par contre, une colère désajustée peut entraîner une perte de connexion avec soi et avec les autres. Ce qui peut avoir des conséquences dramatiques de passage à l’acte. Vous vous dites peut-être que certaines personnes toxiques poussent d’autres personnes à bout et que ce n’est pas la faute de ces dernières quand le pire arrive en réaction. Je vous répondrai: Oui, mais qu’est ce qui dans l’histoire de cette personne a fait qu’elle s’est laissée pousser à bout? Qu’est ce que cette personne a accepté d’endurer pour préserver un lien qui la faisait souffrir au point d’en arriver à un dénouement extrême?

Et là est la clé: la préservation du lien. Une colère désajustée est issue du passé. Par exemple, une personne, pour préserver le lien affectif, a passé sous silence, enfant, ses besoins, car elle se se sentait en trop dans son milieu familial. Derrière ce comportement se cache une blessure de rejet ou d’abandon. Quand l’enfant a peur de se faire rejeter ou abandonner, il est prêt à faire des sacrifices énormes sur lui-même, au point de s’amputer d’une partie de lui-même. Adulte, cette blessure s’il n’a pas trouvé de guérison sur son chemin de vie, va être toujours active. Et quand il voudra poser ses besoins, cette blessure l’obligera à se taire. Il peut alors se blâmer de ne pas être à la hauteur ou s’emporter contre les autres pour leur manque d’écoute.

Nous voyons ici que la colère cache en fait un sentiment d’injustice qui reste latent dans la vie de cette personne.

Les Emotions derrière la Colère

Les colères à répétition cachent souvent d’autres émotions comme la tristesse ou la honte. Elles sont plus difficiles à éprouver que la colère car elles renvoient à un état de vulnérabilité éprouvé pendant l’enfance. Cet état de vulnérabilité nous a mis en danger et il est tout à fait normal de vouloir s’en tenir à distance.

La personne qui a passé sous silence ses besoins a sûrement ressenti de la tristesse ou de la détresse en sentant que ses besoins n’étaient pas accueillis comme ils auraient du l’être. Cet état a sûrement été très inconfortable pour l’enfant qu’il était.

Plus tard, pour ne plus ressentir ces émotions, l’adulte aura tendance à se mettre en colère contre lui pour ne pas savoir exprimer ses besoins ou contre les autres pour ne pas savoir l’écouter. Cela l’empêchera d’éprouver des émotions qui le renvoient à un état d’enfant vulnérable. La colère permet de reprendre la main de manière illusoire sur une situation qui nous a échappé et qui, en fait, nous échappe encore.

Faire la Paix avec Soi-Même et avec les Autres?

Repérer les Schémas qui se Répètent

Faire un pas de côté par rapport aux situations qui provoquent ces colères permet de faire le point sur soi-même. Est ce que vous vous êtes mis en colère car vous avez eu peur de vous faire écraser par une voiture? A moins que vous ne vous mettiez en danger systématiquement, on peut penser que la colère est ajustée à la situation.

Si la colère est motivée par des situations qui se répètent soit au contact d’une personne ou à des moments précis, il va être bénéfique de repérer ces moments pour s’en détacher. Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, je vous invite à lire mon article « La colère comme signal d’alarme: comment écouter et comprendre vos émotions » en cliquant sur ce lien.

Prendre sa part de la situation

Même si certaines personnes sont très toxiques, je pense aux personnes perverses narcissiques, la personne qui souffre a toujours sa part de responsabilités. Il faut bien différencier responsabilité et culpabilité. La responsabilité est le petit souffle d’air qui permet d’avancer. Quand on accuse les autres, on s’enferme dans des plaintes dont on ne peut pas sortir puisqu’on est persuadé que l’autre détient tout le pouvoir.

Se demander ce qu’on met soi dans la situation pour qu’elle se reproduise, va permettre de faire un 1er pas dans la bonne direction. Il arrive à tout le monde de faire de mauvaises rencontres et de se tromper. Mais il y a des personnes qui le sentent et qui s’en vont assez rapidement pour se préserver. Et d’autres qui répètent sans fin les mêmes frustrations relationnelles qui occasionnent de la colère. Ce sont surtout ces dernières qui auront tout intérêt à se remettre en question non pour s’accuser mais bien pour avancer.

La Thérapie pour contacter les Emotions cachées derrière la Colère

Les colères à répétition cachent donc souvent des émotions comme la tristesse ou la honte. Ces émotions ont été refoulées à un âge précoce pour fuir une vulnérabilité dangereuse. Elles ont été remplacées par une colère contre soi-même ou contre les autres.

Traverser ses émotions va être bénéfique pour se débarrasser de ces colères et retrouver de l’apaisement avec soi et avec les autres. Pour les traverser, il peut être nécessaire de s’engager dans un travail thérapeutique.

Les émotions cachées derrière cette colère auront besoin d’un certain temps et d’un climat de confiance pour s’exprimer. La relation thérapeutique est un endroit confidentiel, sécurisé où tout peut se dire et s’entendre. Le thérapeute ne juge pas, il accompagne. Il soutient l’énergie vitale de la personne qui le consulte pour que cette personne puisse avoir accès à ces émotions enfouies. Le thérapeute va l’aider à accéder à cette part de lui refoulée pour qu’elle remonte à la surface tout en l’aidant à solliciter ses ressources internes d’adulte. Sa part adulte va l’aider à soutenir la part enfant vulnérable pour qu’elle puisse enfin s’exprimer et s’apaiser.

Si vous souhaitez me contacter pour des informations ou un rendez-vous, je vous invite à cliquer sur ce lien.