Ma colère refoulée: quand le silence fait mal

« Le silence est parfois la pire des souffrances. » – Victor Hugo Il est tard, et vous vous sentez encore une fois envahi par une tristesse diffuse, un sentiment d’épuisement émotionnel. Vous repensez à toutes ces situations où vous avez gardé le silence, non par choix, mais par une incapacité à ressentir véritablement ce qui se…


« Le silence est parfois la pire des souffrances. » – Victor Hugo

Il est tard, et vous vous sentez encore une fois envahi par une tristesse diffuse, un sentiment d’épuisement émotionnel. Vous repensez à toutes ces situations où vous avez gardé le silence, non par choix, mais par une incapacité à ressentir véritablement ce qui se passait en vous. Vous n’avez jamais vraiment éprouvé de colère, ou du moins, vous ne l’avez jamais reconnue. Et pourtant, quelque chose ne va pas : ce poids sur votre poitrine, cette impression de traîner une fatigue inexplicable, cette tristesse qui ne vous quitte jamais vraiment. Et peut-être vous sentez vous étrangement déconnectés de vos propres émotions.

Est ce que vous ne retiendriez pas votre colère? Ne pas exprimer sa colère c’est à dire réprimer sa vitalité entraîne souvent des états dépressifs et un sentiment d’ennui profond. Mais qu’est ce qui peut pousser quelqu’un à réprimer sa colère quand, bien canalisée, elle est pour chacun un formidable moyen d’avancer et de se positionner dans la vie? Et comment faire ami-ami avec elle afin de se reconnecter pleinement à son énergie de vie?

Refouler sa colère

La colère refoulée?

La colère refoulée est différente de la colère consciente que l’on choisit de taire. Dans le premier cas, la colère n’est pas ressentie. Certaines personnes sont toujours souriantes et toujours d’accord avec tout le monde. On va les trouver gentilles, toujours prêtes à suivre mais, souvent, elles ne ressortent pas d’un groupe. Elles peuvent rester en arrière plan et on a l’impression de ne pas trop savoir ce qu’elles veulent. Dans le deuxième cas, les personnes ressentent de la colère mais choisissent de ne pas l’exprimer. Dans cet article, nous allons nous intéresser au 1er groupe.

La colère, notre énergie de vie

La colère est de l’énergie vitale. Quand elle n’est ni ressentie ni exprimée, cette énergie peut causer des dommages. Pour en savoir plus sur les répercussions de la répression émotionnelle, je vous invite à lire la partie 2 de mon article « les répercussions de la répression émotionnelle » en cliquant sur ce lien.

Refouler sa colère signifie également se couper de sa spontanéité et de sa joie de vivre. Et oui, ce n’est pas seulement le « mauvais » que l’on réprime mais également le « bon ». La colère n’est qu’une facette de la répression émotionnelle. Celle-ci nous ampute de tout un pan de notre personnalité. Et les personnes qui répriment leur colère sont souvent réservées car, inconsciemment, elles se méfient d’elles-mêmes et de la conséquence de leurs actes. Elles vont préférer s’en remettre aux autres ou se couper de leur environnement plutôt que de risquer de provoquer des dégâts.

Les origines du refoulement de la colère

Des adaptations pendant l’enfance

Les personnes qui refoulent leur colère s’amputent d’une partie de leur personnalité. On peut alors se demander : »Mais qui, sur Terre s’infligerait cette blessure? Au nom de quoi? ». Je vais vous le dire: au nom de l’amour et de la sécurité. Et oui, ce refoulement provient souvent d’adaptations précoces d’un enfant qui n’a pas trouvé tout le soutien dont il avait besoin pour grandir.

Pour garder l’amour de ses parents, cet enfant a pu réprimer une impulsivité mal accueillie. Par exemple, une mère qui se détourne face aux cris de son enfant, peut réveiller chez ce dernier une peur de l’abandon. Il peut ainsi choisir de réprimer ses cris pour ne pas sentir une insécurité insupportable chez tous les enfants. Pour garder le lien avec sa mère, il va s’amputer de l’expression de sa colère. Ce schéma adaptatif inconscient va façonner sa personnalité. Et adulte, il continuera à réprimer son impulsivité et par la même, sa colère pour ne pas ressentir cette insécurité toujours active en lui.

Les conséquences à l’âge adulte

La peur du rejet ou de l’abandon sont donc souvent à l’origine de la colère refoulée. L’enfant va adopter différents mécanismes d’adaptation que vous connaissez peut-être chez vous ou chez quelqu’un d’autre.

Je tiens à préciser que ces mécanismes d’adaptation ne sont pas forcément le signe de troubles émotionnels. Tout dépend s’ils sont un mode de fonctionnement automatique ou s’ils sont choisis en conscience selon la situation vécue. Je vais donner des exemples pour que ce soit plus clair.

La confluence

Une personne confluente est une personne "caméléon" qui se fond dans le décor

Vous connaissez peut-être une personne « caméléon ». C’est une personne toujours d’accord avec tout le monde. Elle se fond dans le décor et ne se différencie pas. Elle fusionne avec les attentes des autres en niant ses propres besoins. Cette attitude peut être le signe d’un trouble émotionnel. Cette personne confluente a sûrement senti dans son parcours que se différencier pouvait être potentiellement une source de rejet ou d’abandon.

La confluence est saine quand on choisit, en conscience, de se rallier à l’avis d’autres personnes ou de se taire. Par exemple, dans un repas de famille, on peut laisser l’oncle parler de ses opinions politiques que l’on ne partage pas, sans dire un mot. On sait, par expérience, que cela va gâcher le repas de tout le monde. La confluence quand elle est saine, résulte d’un libre choix et non d’une manière d’être automatique.

La rétroflexion

L’énergie de vie de cette personne a sûrement été mal accueillie. Et cette personne a choisi de retourner son énergie vitale contre elle-même plutôt que contre les autres. Je vous renvoie à mon exemple donné au début de ce paragraphe sur la répression des cris. Un enfant pour conserver la sécurité dont il a tant besoin, peut retenir son énergie vitale.

Plus tard, cette personne pourra se montrer très réservée et quelquefois méfiante envers son environnement. En fait cette méfiance projetée sur les autres, peut révéler une méfiance inconsciente envers elle-même. Elle se méfie de ce qui pourrait « sortir » d’elle-même et sans en avoir conscience, elle se surveille. Ce sont des personnes, en général, assez solitaires qui ont du mal à accorder leur confiance aux autres.

La rétroflexion est saine quand elle est choisie. Par exemple, une colère retenue sur son lieu de travail peut être saine quand elle menace notre emploi.

Ce sont deux modes d’adaptation. Il y en a d’autres, comme la déflexion (l’évitement dans le contact) ou l’égotisme (le fait de mettre une barrière étanche entre soi et l’environnement).

Quel que soit le mécanisme d’adaptation adopté, il faut se souvenir qu’il a été mis en place par un enfant qui a fait du mieux qu’il a pu pour s’adapter à un environnement avec des trous. Ce que l’on a tous plus ou moins connu…

La personnalité dépendante

Les personnes dépendantes ont grandi avec la croyance inconsciente qu’elles étaient la source des problèmes de leur environnement. Si leur mère se mettait en colère contre elles, enfant, elles ont sûrement assimilé qu’elles étaient la cause de cette colère. Un enfant ne remet jamais en question le comportement de ses parents car il a besoin de croire en leur amour inconditionnel. Il va donc rejeter le blâme sur lui-même.

Ce sont donc des personnes qui ne se font pas confiance et qui, quelquefois, ne sont même pas conscientes de leurs ressources intérieures. Elles ont tendance à se montrer très sages et soumises pour ne pas « provoquer » d’agressions de leur environnement.

La personnalité passive agressive

La personnalité passive agressive n’a pas conscience de sa colère. C’est une personne qui peut se montrer douce et souriante. Elle est agie par un phénomène de projection: comme elle n’est pas consciente de sa colère, elle va la projeter chez l’autre et même la provoquer. Sa colère est une partie d’elle qu’elle ne s’autorise pas à ressentir et donc elle l’envoie chez l’autre.

Elle peut, par exemple, couper la parole de son interlocuteur. Ou fixer avec insistance cette même personne. Ce sont des manœuvres inconscientes qui visent à réveiller la colère de l’autre car elle ne s’autorise pas à la vivre.

Ce sont des personnes qui, par définition, ne s’énervent jamais. Elles peuvent être assez effacées et peu à l’aise dans les relations.

Se reconnecter à sa colère pour mieux la libérer

La clé: se reconnecter à soi-même

Comme je l’ai développé dans un autre article de blog, la souffrance psychologique provient du fossé entre qui on est vraiment et notre construction psychologique. La clé pour sortir de cette impasse est de travailler la connexion entre sa tête (sa construction psychologique) et son corps (ses émotions) pour unifier son soi. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à lire la 3eme partie de mon article « Ecoutez vous: La clé pour éviter les colères inutiles » en cliquant sur ce lien.

Du sport comme le yoga a été reconnu comme aidant à cette reconnexion. Je pratique moi-même la méditation. Cette pratique est aidante pour se reconnecter à son corps et à ses sensations. Si votre esprit a tendance à s’échapper très vite, vous pouvez vous aider de méditations guidées qui vous aideront à rester ancré dans le réel. Il en existe des gratuites, sur YouTube, par exemple.

J’ai appris la méditation dans l’école de Fabrice Midal. Je partage avec vous la méditation apprise dans son école et que je pratique encore.

La thérapie

Si vous souhaitez aller plus loin, le travail thérapeutique en Gestalt est tout à fait recommandé pour se reconnecter à soi et à ses émotions. Il va vous aider à retrouver le chemin vers cette colère enfouie, à la reconnaître et à l’accepter comme une part légitime de vous. Ce n’est qu’en accueillant cette émotion longtemps refoulée que vous pourrez commencer à vous libérer du poids qu’elle représente et à la transformer en une énergie positive.

En Gestalt thérapie, nous travaillons à partir du cycle de contact. Ces cycles, nous les connaissons tous plusieurs fois par jour. Par exemple:

1) Nous ressentons de la faim. C’est le contact avec nos sensations corporelles.

2) Nous évaluons ce que nous pouvons manger ou non suivant le lieu où nous sommes, l’heure qu’il est, nos régimes alimentaires etc, etc… et nous nous orientons dans notre environnement pour satisfaire notre faim. C’est la prise de contact avec notre environnement.

3) Nous mangeons: à ce moment là, nous ne faisons qu’un avec ce que nous faisons. Et nous avons tendance à oublier ce qui se passe autour de nous. Tout le reste passe en arrière plan.

4) Nous retirons une expérience de ce qui vient de se passer. Ce qui nourrira nos expériences à venir. Est ce bon? A refaire? Trop lourd? Trop léger?…

5) Nous lâchons ce cycle pour en recommencer un autre. Une envie de discuter? D’aller se promener? D’écouter de la musique?…

En Gestalt thérapie, nous travaillons sur ce qui peut interrompre ou freiner ce cycle du contact. Des mécanismes d’adaptation assimilées à un âge précoce, comme par exemple la confluence ou la rétroflexion, peuvent interrompre ce cycle.

Dans le cas de la colère refoulée, nous allons travailler l’étape 1, c’est à dire le fait de ressentir la colère. Et le mécanisme employé, par exemple la confluence. La personne qui ne sait pas vraiment ce qu’elle veut puisqu’elle n’est pas en contact avec ses ressentis, se rangera toujours derrière l’avis des autres personnes.

En thérapie, je pourrai partager mes ressentis, ma propre colère à l’évocation de certains faits. Pas contre la personne qui me consulte évidemment mais de manière modélisante. La colère de la personne est bien là mais elle n’est simplement pas, pour l’instant, accessible. Il est très possible que des images me viennent qui révèlent cet inconscient. Ou le vocabulaire de la personne peut être exploité: peut-être utilise-t-elle, sans s’en rendre compte, un vocabulaire guerrier. Ou une autre piste: le travail corporel. Et si on travaillait sur la signification de ce poing serré?

Beaucoup de pistes peuvent être explorées pour travailler la reconnexion à sa colère et à sa vitalité. Si vous souhaitez plus d’informations sur la Gestalt thérapie, je vous invite à cliquer sur ma page « A propos » ou à cliquer sur ce lien. Et Si vous souhaitez me contacter ou prendre rendez-vous pour une consultation, je vous invite à aller sur ma page « Me contacter » ou à cliquer sur ce lien.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *